Adiabatique & datacenters : guide pratique 2025
- Cédric K
- 8 sept.
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 sept.

Adiabatique & datacenters : votre guide 2025 pour un refroidissement frugal, fiable et conforme. Le refroidissement adiabatique (refroidissement évaporatif, direct ou indirect) s’impose comme un levier majeur pour baisser la consommation énergétique et l’empreinte carbone des centres de données, sans sacrifier la résilience. Voici comment choisir l’architecture adaptée, dimensionner, sécuriser l’eau, piloter et démontrer la performance, avec des repères concrets et les meilleures pratiques 2025.
En bref
Réduire le PUE et lisser les pics: l’adiabatique abaisse la charge des groupes froids, surtout en mi-saison et climats tempérés.
Choisir l’architecture: direct (DEC), indirect (IEC) ou hybride (pré-refroidissement + dry coolers/CTA), selon climat et criticité.
Maîtriser l’eau: qualité, traitement, WUE, plans anti-légionelles, récupération et mesure.
Piloter finement: GTB/GTC, capteurs bulbe humide, séquences d’exploitation, IA prédictive pour les bascules.
Cadre 2025: alignement ASHRAE TC 9.9, reporting européen (EED 2023/1791), KPI ISO/IEC 30134 (WUE).
Pourquoi l’adiabatique dans les datacenters en 2025 ?
L’adiabatique exploite l’évaporation de l’eau pour refroidir l’air ou un flux d’échange, en réduisant fortement l’usage de compresseurs. En Europe, il peut couvrir une grande partie de l’année en free cooling assisté, avec bascule vers du mécanique lors des vagues de chaleur. Résultat: moins d’énergie, moins de CO₂, des installations plus compactes.
Selon l’IEA (analyse 2024), la croissance des usages numériques accentue l’enjeu d’efficacité des data centers. L’adiabatique, couplé à une enveloppe de consigne élargie et à un pilotage intelligent, est l’un des leviers techniques les plus matures pour contenir la demande électrique tout en respectant les recommandations thermiques ASHRAE (édition 2021). Sources: IEA – Data centres (2024), ASHRAE Thermal Guidelines.
Bon à savoir En 2025, viser une approche “air-first, compressors last” (free cooling + adiabatique + mécanique en secours) permet d’optimiser le coût total de possession tout en améliorant la résilience opérationnelle.
Principes et variantes techniques
Refroidissement évaporatif direct (DEC)
Principe: l’air extérieur traverse un média humide; il se refroidit en augmentant son humidité relative avant d’être soufflé en salle IT.
Atouts: rendement élevé, simplicité, capex modéré, très efficace en air sec.
Vigilances: contrôle de l’humidité en salle (éviter la condensation), filtration renforcée (ISO ePM1), gestion sanitaire de l’eau.
Refroidissement évaporatif indirect (IEC)
Principe: l’air neuf est refroidi par évaporation dans un échangeur séparé (plaque, à ruota, ou circuit fermé); l’air de la salle IT reste “propre”.
Atouts: pas d’humidification directe en salle, bon compromis pour sites urbains/poussiéreux.
Vigilances: pertes de charge/auxiliaires, gestion des purges, maintenance des médias/échangeurs.
Architectures hybrides et pré-refroidissement
Dry coolers/CTA avec rideau adiabatique: on abaisse la température d’air entrant pour étendre la plage de free cooling.
Groupes froids à condensation adiabatique: gain d’EER/SEER en été en abaissant la pression de condensation.
Couplage avec confinement allée froide/chaude, contrôle de vitesse des ventilateurs, et consignes ASHRAE (recommandé 18–27 °C, 2021) pour maximiser le nombre d’heures “adiabatiques utiles”.
Dimensionnement: critères clés qui changent tout
Climatologie et bulbe humide
Analyse à partir de Tbulbe humide aux percentiles critiques (p.ex. 0,4%/1% des heures annuelles) pour projeter les heures couvertes sans compresseur.
Psychrométrie: efficacité du média, efficacité sensible/adiabatique, risques d’humidification excessive selon saison.
Charge IT et architecture de salle
Densité par baie (kW/rack), confinement, distribution (plénum faux plancher/plafond), CRAH/CRAC vs. AHU latérales.
Redondance thermique (N+1 / N+N) et scénarios de défaillance (perte d’eau, pics caniculaires, pollution extérieure).
Eau, qualité et disponibilité
Qualité de l’eau (dureté, TDS), filières de traitement (osmose inverse, adoucissement, biocide).
Calcul du WUE (ISO/IEC 30134-9) et arbitrages: eau de ville, eau industrielle, récupération d’eaux grises. Référence: ISO/IEC 30134-9 – WUE.
Intégration infrastructurelle
Emprise au sol/hauteur, acoustique, vents dominants, accès maintenance.
Raccordement électrique des auxiliaires (pompes, ventilateurs), by-pass mécaniques, vannes motorisées.
Eau, santé et conformité réglementaire
L’adiabatique nécessite une gouvernance stricte de l’eau: dispositifs anti-projection (drift eliminators), purges automatiques, contrôle microbiologique, carnet sanitaire et plan de prévention de la légionellose (procédures, analyses périodiques).
Au niveau européen, la Directive Efficacité Énergétique (EED) 2023/1791 impose progressivement un reporting des performances des datacenters (énergie, parfois eau) à partir de 2024-2025, incitant à mesurer PUE/WUE et à documenter les pratiques d’exploitation. Source: EUR-Lex – EED 2023/1791.
Bon réflexe Formalisez un Plan de Gestion de l’Eau incluant: schéma de traitement, périodicité des purges, seuils d’alarme, procédures de dérivation vers le mode “sec”, et tenue d’un registre qualité eau.
Pilotage: de la GTB à l’optimisation prédictive
Capteurs, séquences et GTB/GTC
Boucles de régulation basées sur bulbe humide, delta T entrée/sortie salle, hygrométrie, pressions différentielles.
Séquences d’exploitation: 1) free cooling sec, 2) adiabatique, 3) mécanique, avec hystérésis et contraintes d’humidité ASHRAE.
Intégration à la gestion technique du bâtiment pour alarmes, scripts de bascule, tendances et rapports. Voir notre expertise en GTB/GTC.
Supervision énergétique et IA
Consolidation des KPI (PUE, WUE, CUE) et corrélation météo/charge IT dans un EMS. Notre accompagnement en gestion de l’énergie facilite le suivi et l’optimisation.
Prédiction météo/charge + IA pour anticiper la meilleure séquence (pré-humidification, pré-refroidissement, effacement). En savoir plus sur notre approche Intelligence Artificielle.
Résilience opérationnelle
Tests réguliers de bascule, procédures dégradées (perte d’eau / pollution extérieure), stocks de médias/consommables.
Scénarios PRA thermique alignés sur la criticité IT et le SLA.
Performance: comment la démontrer sans tricher
Mesurer au bon endroit: compteurs dédiés (pompes adiabatiques, ventilateurs, traitement d’eau), débitmètres d’eau, température/hygrométrie aux points représentatifs.
Normaliser les comparaisons: périodes météo équivalentes, charge IT moyenne, heures de fonctionnement par mode (sec/adiabatique/mécanique).
Reporting: tableaux de bord et audits croisés. L’Uptime Institute constate que la performance énergétique stagne sans pilotage fin et mesure fiable (tendance observée ces dernières années). Référence: Uptime Institute – analyses et enquêtes annuelles 2024 (voir leur site pour les publications les plus récentes).
Business case: méthode de calcul du ROI
Sans inventer de chiffres, la méthode reste standard: 1. Estimer les heures annuelles par mode via données météo (bulbe humide) et profil de charge IT. 2. Chiffrer la consommation des auxiliaires (ventilateurs, pompes) et la réduction d’usage compresseur (kWh évités). 3. Valoriser l’électricité évitée (€/kWh, tarifs heures pleines/creuses, effacements), et les coûts d’eau/traitement. 4. Intégrer capex (équipements, GTB, génie civil), opex (maintenance, consommables), et risques (canicules extrêmes, restrictions d’eau). 5. Calculer TRI/NPV et sensibilité (prix de l’énergie ±, disponibilité eau, évolution de la charge).
Astuce ROI Dans les climats tempérés, l’adiabatique maximise les gains en mi-saison; prévoyez des consignes “adaptatives” (ex. élargissement progressif de T/hygrométrie) pour capter plus d’heures “gratuites” sans impacter le SLA.
Étapes d’un projet adiabatique avec Score Group
1) Audit et cadrage
Revue des salles, enveloppe thermique, profils IT, contraintes urbaines et réglementaires.
Étude climatologique locale et faisabilité (bruit, emprise, hydraulique).
2) Conception et ingénierie
Choix DEC/IEC/hybride, dimensionnement médias/échangeurs, traitement d’eau, capteurs, redondance.
Intégration IT/OT, cybersécurité des automates, et scénarios de bascule. Découvrez notre offre Datacenters.
3) Intégration et mise en service
Installation, raccordements, paramétrage GTB, recettes fonctionnelles, tests canicule/pollution simulés.
Documentation, DOE, carnet sanitaire, formation exploitation.
4) Pilotage et amélioration continue
Suivi KPI, rapports EED/ISO, ajustements saisonniers des consignes.
Optimisation continue via EMS et IA. Notre division Noor-Energy agit “Là où l’efficacité embrasse l’innovation…”, en fédérant Énergie, Digital et New Tech. Découvrez Score Group.
5) Exploitation et support
Plans de maintenance préventive, audits annuels, astreinte et support SLA.
Accompagnement capacity planning selon roadmap IT et croissance de charge. Contactez-nous: équipe Score Group.
Bonnes pratiques d’architecture et d’exploitation
Confinement strict (allées froides/chaudes), haute efficacité des ventilateurs (EC), pression asservie.
Filtration ePM1, monitoring particulaire; protections anti-brouillard et anti-gouttelettes (drift).
Modes dégradés sans eau (bypass sec), micro-cycles anti-stagnation, purge auto, consignes anti-condensation.
Plans canicule: relèvement temporaire de consignes dans l’enveloppe ASHRAE recommandée 2021 (18–27 °C) pour préserver la capacité.
Cadres et sources à connaître
ASHRAE TC 9.9 – Thermal Guidelines (édition 2021) pour les plages T/hygrométrie: ASHRAE Thermal Guidelines.
ISO/IEC 30134-9 – WUE, métrique eau: ISO/IEC 30134-9.
Directive EED (UE) 2023/1791 – obligations de reporting: EUR-Lex – EED 2023/1791.
Contexte énergétique et tendances: IEA – Data centres (2024).
FAQ
L’adiabatique est-il compatible avec toutes les zones climatiques ?
Oui, mais la part d’heures “couverte” varie selon l’humidité et la température extérieures. En climat tempéré et sec, l’adiabatique (DEC/IEC) couvre une grande partie de l’année. En climat chaud et humide, l’adiabatique indirect ou l’hybride avec pré-refroidissement est souvent préférable, avec un mode mécanique en appoint lors des épisodes extrêmes. L’étude de la climatologie locale (percentiles de bulbe humide) et des contraintes urbaines (poussières, bruit) permet d’orienter la conception. L’objectif est de sécuriser la qualité d’air, l’hygrométrie en salle IT et la résilience, tout en maximisant les heures sans compresseur.
Comment mesurer et piloter le WUE sans fausser le PUE ?
Dédiez des compteurs d’eau aux équipements adiabatiques et des débitmètres sur les points de purge. Loggez les volumes par mode de fonctionnement (sec/adiabatique). Côté PUE, ajoutez les auxiliaires adiabatiques (pompes, ventilateurs) au périmètre facility. Corrélez aux données météo et à la charge IT pour comparer des périodes équivalentes. Utilisez les définitions ISO/IEC 30134 pour éviter les biais. Un EMS intégré à la GTB facilite le suivi et la génération de rapports conformes aux exigences EED, tout en révélant des opportunités d’optimisation.
Quels risques sanitaires (légionelles) et comment les maîtriser ?
Le risque est maîtrisable avec une conception et une exploitation rigoureuses: schéma de traitement d’eau adapté (biocide, contrôle du biofilm), purge et renouvellement automatiques, maintien des vitesses et des températures hors zones à risque, drift eliminators limitant les aérosols, analyses périodiques et carnet sanitaire. La formation des équipes et des prestataires est clé, ainsi que des procédures de bascule vers un mode “sec” en cas d’alerte. L’alignement avec les bonnes pratiques (p.ex. cadres ASHRAE, recommandations sanitaires locales) sécurise la conformité et la continuité de service.
Peut-on combiner adiabatique et renouvelables pour un DC plus “green” ?
Oui. L’adiabatique réduit la demande électrique et améliore l’efficacité; combiné à l’autoconsommation photovoltaïque et au pilotage intelligent, il diminue l’empreinte carbone et les pics réseau. Un EMS peut arbitrer entre production locale, stockage et séquences de refroidissement. La clé: une architecture électrique adaptée, des capteurs fiables et des algorithmes de contrôle. NOOR peut intégrer ces briques dans une approche globale, de la gestion énergétique au pilotage GTB, pour accélérer la trajectoire de durabilité.
Quels indicateurs suivre en 2025 pour piloter la performance ?
Trois familles: efficacité (PUE, heures sans compresseur, kWh/serveur), eau (WUE, taux de purge, fuites détectées), et résilience (taux de bascule réussie, MTTR froid, conformité ASHRAE). Ajoutez des indicateurs environnementaux (CUE, intensité carbone locale) et réglementaires (rapports EED). Des tableaux de bord consolidés, alimentés par la GTB et l’EMS, permettent de détecter les dérives (encrassement des médias, hausse de TDS) et de déclencher des actions correctives. L’objectif: une performance durable, démontrable et auditée.
À retenir
L’adiabatique est un levier éprouvé pour baisser l’énergie des datacenters tout en maintenant le SLA.
Le choix DEC/IEC/hybride dépend du climat, de la criticité IT et de la qualité d’air.
La gouvernance de l’eau, la conformité et la cybersécurité OT sont indispensables.
La GTB/EMS et l’IA transforment l’adiabatique en avantage opérationnel mesurable.
Un business case robuste s’appuie sur météo locale, charge IT et KPI normalisés (PUE/WUE).
Prêt à évaluer votre potentiel adiabatique ? Parlons-en avec Score Group: contactez-nous ou découvrez notre offre datacenters.



